Volant à droite ? Volant à gauche ? En RD Congo tout est permis.

Spectacle quotidien sur les routes de Kinshasa

Il y a de cela quelques années, «  un enfant français était en voiture avec ses parents à Paris, il pose la question à son papa : pourquoi le volant est à gauche mais tu roules à droite ». Le papa lui explique. Pendant les vacances, la famille se retrouve à Londres avec un véhicule en location. L’enfant pose de nouveau la question à son papa « pourquoi tous les volants sont à droite mais tout le monde roule à gauche ». Le papa explique de nouveau la situation à son fils curieux. Un an après, la famille est mutée en RD Congo-Kinshasa.
N’ayant pas de véhicule, la famille se déplace en taxi dans la ville de Kinshasa. Après plusieurs jours d’observation, l’enfant revient à la charge, « papa, pourquoi au Congo, il y a certaines voitures avec volant à droite, d’autres avec volant à gauche, et chacun roule du coté où il veut (pour éviter les trous sur la route) ». « Ah mon fils, tu vois la RD Congo est un pays exceptionnel »

Au Congo, le Code de la route (1978) en vigueur à ce jour, stipule : « … le sens de la circulation est à droite, réserve faite, le cas échéant, des routes servant exclusivement ou principalement au transit… ». Le Congo fait donc partie des nombreux pays où la circulation se fait à droite, avec un volant à gauche.

Les passagers entrain de descendre du véhicule sur la route

. Ici, moi j’en appelle au bon sens !!! Si j’ai le volant à gauche et que je roule à droite, en cas d’arrêt, je mets mon véhicule sur le trottoir de droite et mes passagers peuvent descendre directement sur le trottoir. Dans le même ordre d’idées, si j’ai mon volant à droite et que je roule à gauche, une fois de plus en cas d’arrêt mes passagers vont descendre sur le trottoir de gauche. Je peux tenir le même raisonnement au sujet des dépassements. C'est-à-dire, volant à gauche et dépassement sur la gauche donc j’ai un champ visuel parfait sur l’éventuel danger qui se présenterait à moi. Il en est de même pour le volant à droite avec dépassement à droite. Comme nous le constatons, ces choses vont ensemble. Elles se lient.

Le spectacle qu’offrent les véhicules qui circulent en RDC est singulier

Circulation routière sur les routes en RDC

Mais qu’en est-il aujourd’hui dans mon pays la R.D.Congo ? Le spectacle qu’offrent les véhicules, qui circulent depuis plusieurs décennies en grand nombre dans les villes de la RD Congo est simplement singulier. Le Code de la route congolais, nous exige de rouler à droite mais le pays enregistre une montée fulgurante de l’importation et de l’utilisation des véhicules à volant à droite. Pourquoi ? Ces véhicules, dont la majorité proviennent de Dubaï (communément appelé « occasion de Dubaï »), sont d’un coût peu élevé et donc à la portée d’une certaine catégorie de bourses. En plus, il s’agit généralement de véhicules à faible consommation en carburant. Bref, le coût financier est peu élevé comparativement aux autres véhicules.

Le coût social de ce type de véhicule est très élevé

Dans un pays, comme la RD Congo où la circulation se fait du côté droit de la chaussée, ces véhicules : minibus, voitures, à volant à droite, sont très dangereux pour la sécurité routière. Ils sont d’ailleurs à l’origine de plusieurs accidents de la route.

En effet, avec le volant à droite :

§ le conducteur peut être empêché d’avoir à l’esprit que son regard doit être tourné aussi à droite. Pour la simple raison, que son attention est sur le contrôle de sa position à gauche, alors que les signalisations routières sont toujours installées à droite ;

§ la descente des passagers des transports en commun (minibus, taxis) s’effectuent sur la rue, plutôt que sur le trottoir. En effet, les portes coulissantes de ces taxis bus se trouvent à l’opposé du côté du conducteur donc, elles sont sur la gauche et donnent directement sur la chaussée. La toute première fois que j’avais été témoin du débarquement des passagers sur la voie principale, il y a de cela quelques années, j’étais persuadée que les autorités du pays ne tarderaient pas à prendre des mesures urgentes pour ne pas exposer la population aux dangers de la route. Vous pouvez imaginer mon désarroi à chaque fois que je croise un tel spectacle, encore aujourd’hui ;

§ l’angle de visibilité du conducteur est réduit en cas de dépassement à gauche. Je n’oublie pas, le levier de vitesse à gauche, les essuie-glaces, les clignotants.

A cause de tout ce qui précède, au Congo, plusieurs familles ont été endeuillées, Le coût social de ce type de véhicule à volant à droite est donc très élevé.

Plus le temps passe, plus la gangrène se développe,

Malgré plusieurs mesures prises sur différentes années, par différents gouvernements 

Robot intelligent régulateur de la circulation routière

pour mettre fin à ce désordre, le pouvoir publique a été incapable de faire respecter l’ordre, d’appliquer la loi. Et plus le temps passe, plus la gangrène se développe, au point que certaines langues commencent même à proposer l’amendement de la loi pour l’adapter à ce désordre plutôt que de faire respecter la loi existante.

Pour ma part, je suggère :

Que les dirigeants se penchent sérieusement sur ce problème et développent des stratégies pouvant mettre fin à ce fléau. Par exemple, que l’on interdise l’importation de ces véhicules, avec une tolérance zéro pour tout engin qui entrerait dans le pays dès que la mesure d’interdiction entrera en vigueur. Compte tenu de la situation de la population, l’on pourrait accorder un délai de cinq ans avant l’application de l’interdiction, le temps que les usagers de la route se débarrassent de ces véhicules ou les modifient en changeant la position du volant, à Kinshasa, c’est possible, on le fait.

Ce qui est certain, c’est qu’amender la loi, pour l’adapter à ce désordre, comme certains le suggèrent, sous le prétexte que le phénomène s’est enraciné, serait simplement une folie.