Des compatriotes pousse- pousseurs |
Poussant
lentement et péniblement son pousse-pousse super chargé d’un nombre
incalculable d’énormes sacs de manioc, sous un soleil de plomb, Sayo,
transpirant à grosses goutes et vêtu d’un tee-shirt délavé et troué, a du mal,
beaucoup de mal à manœuvrer pour se frayer un chemin sur la route cabossée, chaotique
et embouteillée By Pass dans la commune populaire de Lemba/Kinshasa. Route, dit
en passant, qui subit des travaux interminables de réfection au détriment des
habitants, des automobilistes et aussi de nos pousse-pousseurs... Au fait, combien
pèse le chargement de Sayo ? Et le chargement de son confrère pousse-pousseur
que je vois de l’autre côté de la chaussée ? Au vu de ces engins moyenâgeux,
ces engins de la mort, j’ai mal de voir tous les jours tant de souffrance et de
misère accablant une partie de nos compatriotes les pousse-pousseurs.
Un chargement spectaculaire et pénible |
« Révolution
de la modernité », où es-tu ? Car le pousse-pousse, chariot composé
de caisson en fer forgé et vétuste, de barres de fer servant de traction à
l’avant et à l’arrière et le tout monté sur deux roues déjà usées de voiture,
est un moyen anachronique de transport de marchandises et d’objets de toutes
sortes. Le pousse-pousse exige de son « conducteur » le
pousse-pousseur, un travail SURHUMAIN et INHUMAIN qui devrait tous nous interpeller,
nous révolter.
Le spectacle affligeant
d’un Sayo tirant péniblement son pousse-pousse, même avec l’aide de quelques amis
apprentis pousse-pousseurs, devrait heurter notre conscience, au moment où nous
parlons de « modernité » et «d’émergence ». Faute de mieux, ces
hommes choisissent ce métier très pénible pour gagner leur vie et nourrir leurs
familles. Ils passent par toutes les extrémités possibles, tant le travail est rude.
Tout est transportable : sacs de ciment, ferrailles, marchandises de
toutes sortes, même les ordures ménagères des habitations privées y passent
avec des pousse-pousseurs allant de porte en porte tels que les éboueurs dont
les citoyens ont la chance de bénéficier dans les pays organisés. Au fait,
j’oubliais, même les déménagements y passent. Rien n’échappe aux
pousse-pousseurs, il faut être partout pour gagner son pain quotidien.
Les
« pousses-pousseurs » transportent jusqu’à 1 tonne.
Chargement d'un pousse-pousseur |
Les
« pousses-pousseurs » peinent terriblement. Ils peuvent transporter
des chargements pesant jusqu’à 1 tonne.
La météo n’est pas toujours clémente, aussi doivent-ils braver toutes les
intempéries: la pluie, le soleil, le vent. Ils circulent sur toutes sortes de
voies : grands boulevards, rues larges, étroites, défoncées et cabossées, présentant
parfois de grandes crevasses d’eau ressemblant à de petits lacs en pleine agglomération
urbaine (j’exagère à peine!), et divers sentiers etc... Les pousse-pousseurs
mettent leurs vies en danger, surtout aux heures de pointe. Les automobilistes
ne leur facilitent pas la tâche : les véhicules les frôlent à toute vitesse,
les éclaboussent, les conducteurs profèrent toutes sortes d’invectives à leur
endroit. Heureusement, dans la plupart des cas, les pousse-pousseurs restent
imperturbables.
Ils peuvent
gagner par jour en moyenne 8000FC à 10 000FC (environ $10), si la chance leur
sourit, sinon le gain peut être en dessous de la moyenne pour les moins
chanceux. Beaucoup de «pousses- pousseurs » de la RD Congo préfèrent
travailler sur l’autre rive du fleuve Congo, à savoir le Congo Brazzaville
voisin car selon eux, ils gagnent mieux que dans la mère patrie. Après une
longue et dure journée de labeur, une fois rentrés chez eux le soir, de
nombreux transporteurs prennent, en dehors de tout contrôle médical, divers médicaments
anti-inflammatoires pour se relaxer et soulager leurs douleurs musculaires
occasionnées par l’effort surhumain qu’ils ont fourni, et afin de pouvoir
trouver le sommeil et être prompts à reprendre une autre journée de travail le
lendemain.
On se croirait
à l’époque du bagne
Pousse- pousseur transportant les ordures ménagères |
Voilà un
problème de plus sur lequel nos autorités devraient se pencher sérieusement. Il
n’est pas normal d’abandonner cette catégorie de citoyens à leur triste sort.
On se croirait à l’époque du bagne, un lieu de réclusion, de prison où l’on
était astreint à un travail forcé très pénible. Or depuis une soixante d’années
environ, au nom de « l’humanité » les bagnes ont été supprimés dans
la plupart des pays.
Alors que
faire chez nous en RDC? Il faut améliorer les conditions de travail pour
ces braves compatriotes, en remplaçant par exemple les « pousse-pousse» par des
chariots accrochés à une motocyclette. Bien entendu, le futur bénéficiaire d’un « pousse-pousse » nouvelle génération
devrait au préalable apprendre à conduire l’engin. Pour ceux dont la conduite
semblerait difficile, on pourrait les recycler à une autre activité économique moins
astreignante.
Gouverner,
c’est aussi avoir le souci constant de rechercher le bien être de ceux que l’on
gouverne.
Bravo Anne Marie de soulever ce problème qui fait la honte de notre cher pays confisqué par les inconscients. Est-ce, eux-mêmes les pousse-pousseurs , sont-ils conscients de leur situation? Je te jure qu'au moment où tu prenais ces photos, si la personne qui gouverne le pays par défi passait par là, les mêmes pousse-pousseurs allaient s'arrêter pour l'applaudir.Un peuple chosifié qui n'est pas conscient de sa situation ne mérite pas qu'on s'apitoie sur son cas.Tu as oublié de dire que les pousses servent aussi de transport des êtres humains là où il y a boue et inondations après même une petite pluie. Bon courage!
RépondreSupprimerEffectivement le pousse- pousse sert aussi à transporter des personnes quand les eaux des pluies transforment certaines rues en lacs.
RépondreSupprimervraiment c'est Kin makambo
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SupprimerC'est en quelque sorte un plaidoyer que tu fais Anne pour ces compatriotes qui essayent de survivre de leurs manières; au fait, ailleurs, l'informel peut développer le pays mais pas quand même de cette façon; Que les preneurs de décisions trouvent une solution pour tant soit peu, aménager la situation de ces compatriotes car cette situation est alarmante. Ils ont besoin de vivre dans la modestie.
SupprimerPour rencherir notre consoeur Anne, ces pouspousseurs dit KASONGO, dans les plus profonds de quartier de Kinshasa, sont d'une importance indecriptible car remplacant les camions poubelles qui ne peuvent accéder dans des quartiers pour ramasser les immondices et transporter les lourdes marchandise provenant des routes asphaltée a cause de mauvais état des avenues et nombreuses routes de Kin. Que ta vois soit entendue Anne.
SupprimerC'est la revolution de la modernite made in RD Congo.
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