jeudi 4 décembre 2014

Profession : Pousse-Pousseur. Mais à quelle époque vivons-nous en RDCongo?



Des compatriotes pousse- pousseurs
Poussant lentement et péniblement son pousse-pousse super chargé d’un nombre incalculable d’énormes sacs de manioc, sous un soleil de plomb, Sayo, transpirant à grosses goutes et vêtu d’un tee-shirt délavé et troué, a du mal, beaucoup de mal à manœuvrer pour se frayer un chemin sur la route cabossée, chaotique et embouteillée By Pass dans la commune populaire de Lemba/Kinshasa. Route, dit en passant, qui subit des travaux interminables de réfection au détriment des habitants, des automobilistes et aussi de nos pousse-pousseurs... Au fait, combien pèse le chargement de Sayo ? Et le chargement de son confrère pousse-pousseur que je vois de l’autre côté de la chaussée ? Au vu de ces engins moyenâgeux, ces engins de la mort, j’ai mal de voir tous les jours tant de souffrance et de misère accablant une partie de nos compatriotes les pousse-pousseurs.
Travail surhumain et inhumain
Un chargement spectaculaire et pénible
« Révolution de la modernité », où es-tu ? Car le pousse-pousse, chariot composé de caisson en fer forgé et vétuste, de barres de fer servant de traction à l’avant et à l’arrière et le tout monté sur deux roues déjà usées de voiture, est un moyen anachronique de transport de marchandises et d’objets de toutes sortes. Le pousse-pousse exige de son « conducteur » le pousse-pousseur, un travail SURHUMAIN et INHUMAIN qui devrait tous nous interpeller, nous révolter.
Le spectacle affligeant d’un Sayo tirant péniblement son pousse-pousse, même avec l’aide de quelques amis apprentis pousse-pousseurs, devrait heurter notre conscience, au moment où nous parlons de « modernité » et «d’émergence ». Faute de mieux, ces hommes choisissent ce métier très pénible pour gagner leur vie et nourrir leurs familles. Ils passent par toutes les extrémités possibles, tant le travail est rude. Tout est transportable : sacs de ciment, ferrailles, marchandises de toutes sortes, même les ordures ménagères des habitations privées y passent avec des pousse-pousseurs allant de porte en porte tels que les éboueurs dont les citoyens ont la chance de bénéficier dans les pays organisés. Au fait, j’oubliais, même les déménagements y passent. Rien n’échappe aux pousse-pousseurs, il faut être partout pour gagner son pain quotidien.
Les « pousses-pousseurs » transportent jusqu’à 1 tonne.
Chargement d'un pousse-pousseur
Les « pousses-pousseurs » peinent terriblement. Ils peuvent transporter des chargements pesant  jusqu’à 1 tonne. La météo n’est pas toujours clémente, aussi doivent-ils braver toutes les intempéries: la pluie, le soleil, le vent. Ils circulent sur toutes sortes de voies : grands boulevards, rues larges, étroites, défoncées et cabossées, présentant parfois de grandes crevasses d’eau ressemblant à  de petits lacs en pleine agglomération urbaine (j’exagère à peine!), et divers sentiers etc... Les pousse-pousseurs mettent leurs vies en danger, surtout aux heures de pointe. Les automobilistes ne leur facilitent pas la tâche : les véhicules les frôlent à toute vitesse, les éclaboussent, les conducteurs profèrent toutes sortes d’invectives à leur endroit. Heureusement, dans la plupart des cas, les pousse-pousseurs restent imperturbables.
Ils peuvent gagner par jour en moyenne 8000FC à 10 000FC (environ $10), si la chance leur sourit, sinon le gain peut être en dessous de la moyenne pour les moins chanceux. Beaucoup de  «pousses- pousseurs » de la RD Congo préfèrent travailler sur l’autre rive du fleuve Congo, à savoir le Congo Brazzaville voisin car selon eux, ils gagnent mieux que dans la mère patrie. Après une longue et dure journée de labeur, une fois rentrés chez eux le soir, de nombreux transporteurs prennent, en dehors de tout contrôle médical, divers médicaments anti-inflammatoires pour se relaxer et soulager leurs douleurs musculaires occasionnées par l’effort surhumain qu’ils ont fourni, et afin de pouvoir trouver le sommeil et être prompts à reprendre une autre journée de travail le lendemain.
On se croirait à l’époque du bagne
Pousse- pousseur transportant les ordures ménagères
Voilà un problème de plus sur lequel nos autorités devraient se pencher sérieusement. Il n’est pas normal d’abandonner cette catégorie de citoyens à leur triste sort. On se croirait à l’époque du bagne, un lieu de réclusion, de prison où l’on était astreint à un travail forcé très pénible. Or depuis une soixante d’années environ, au nom de « l’humanité » les bagnes ont été supprimés dans la plupart des pays.
Alors que faire chez nous en RDC? Il faut améliorer les conditions de travail pour ces braves compatriotes, en remplaçant par exemple  les « pousse-pousse» par des chariots accrochés à une motocyclette. Bien entendu, le futur bénéficiaire d’un  « pousse-pousse » nouvelle génération devrait au préalable apprendre à conduire l’engin. Pour ceux dont la conduite semblerait difficile, on pourrait les recycler à une autre activité économique moins astreignante.
Gouverner, c’est aussi avoir le souci constant de rechercher le bien être de ceux que l’on gouverne.


7 commentaires:

  1. Bravo Anne Marie de soulever ce problème qui fait la honte de notre cher pays confisqué par les inconscients. Est-ce, eux-mêmes les pousse-pousseurs , sont-ils conscients de leur situation? Je te jure qu'au moment où tu prenais ces photos, si la personne qui gouverne le pays par défi passait par là, les mêmes pousse-pousseurs allaient s'arrêter pour l'applaudir.Un peuple chosifié qui n'est pas conscient de sa situation ne mérite pas qu'on s'apitoie sur son cas.Tu as oublié de dire que les pousses servent aussi de transport des êtres humains là où il y a boue et inondations après même une petite pluie. Bon courage!

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  2. Effectivement le pousse- pousse sert aussi à transporter des personnes quand les eaux des pluies transforment certaines rues en lacs.

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    1. vraiment c'est Kin makambo

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    2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    3. C'est en quelque sorte un plaidoyer que tu fais Anne pour ces compatriotes qui essayent de survivre de leurs manières; au fait, ailleurs, l'informel peut développer le pays mais pas quand même de cette façon; Que les preneurs de décisions trouvent une solution pour tant soit peu, aménager la situation de ces compatriotes car cette situation est alarmante. Ils ont besoin de vivre dans la modestie.

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    4. Pour rencherir notre consoeur Anne, ces pouspousseurs dit KASONGO, dans les plus profonds de quartier de Kinshasa, sont d'une importance indecriptible car remplacant les camions poubelles qui ne peuvent accéder dans des quartiers pour ramasser les immondices et transporter les lourdes marchandise provenant des routes asphaltée a cause de mauvais état des avenues et nombreuses routes de Kin. Que ta vois soit entendue Anne.

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  3. Charles Odon TSHIBOLA11 décembre 2014 à 07:03

    C'est la revolution de la modernite made in RD Congo.

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