dimanche 14 juin 2015

DEPOT DES CANDIDATURES AUX ELECTIONS PROVINCIALES EN RDC : VERITABLE PARCOURS DU COMBATTANT !




Les routes de la RDC profonde
Coucou, mes chers lecteurs et lectrices, me revoici parmi vous!  Raison de mon absence ?  J’étais très prise dans l’organisation des dépôts des candidatures des membres de mon parti politique, la Ligue des Démocrates Congolais (LIDEC) pour les élections des députés provinciaux prévues en octobre prochain en RDC.  Je suis moi-même candidate à Lemba, l’une des 24 communes de la Ville-Province de Kinshasa.  Les députés provinciaux (législateurs au niveau des 26 provinces du pays), une fois élus au suffrage universel direct, formeront l’assemblée provinciale dans chacune de leur province respective.  Chaque assemblée provinciale élira à son tour en janvier 2016, les sénateurs au niveau national,
ainsi que les gouverneurs et vice-gouverneurs de province.
Le Secrétaire Général de la LIDEC circulant dans sa
 circonscription


Le secrétaire Général de la LIDEC sur une moto en
direction de Dimbelenge
Les cadres de la LIDEC de Dimbelenge

Le processus des dépôts des candidatures était fastidieux et coûteux ! Beaucoup de paperasses pour rien, à mon point de vue. Le candidat et ses deux suppléants avaient une trentaine de formulaires à remplir ! Plusieurs pièces à fournir dont l’attestation de naissance (coût : 10 dollars) à retirer dans la maison communale, où il fallait parfois faire preuve de beaucoup de patience face à des agents submergés de travail ou simplement de mauvaise humeur…Faire la queue à la banque pour payer la caution de 500 000FC (environ 540 dollars) par liste de candidats. Certains documents devaient être remplis au stylo noir, alors que d’autres au stylo bleu… Sans oublier les photocopies certifiées conformes de certaines pièces.  Je vous laisse imaginer combien de fois il a fallu venir au secours de l’un ou l’autre candidat pour l’assister dans ce processus laborieux.
Constat amer : la moralité et la maturité en politique font cruellement défaut en RD Congo
La maturité politique n’est pas encore au rendez-vous dans notre pays, la République Démocratique du Congo.  Les aventures rocambolesques et immorales que de nombreux partis politiques ont subies au cours du processus des dépôts des candidatures aux élections provinciales, l’ont prouvé encore une fois, hélas
Imaginez : vous prenez la peine d’aider financièrement et sur le plan logistique un candidat (membre de longue date de votre parti), à constituer son dossier pour sa candidature aux élections provinciales.  Celui-ci, une fois son dossier complet, va proposer sa candidature à un autre parti politique, en manque de candidats et/ou de suppléants, moyennant une poignée de dollars !  Prêt à se faire acheter pour $100, $200, ou un petit peu plus, peu importe que l’offre de débauchage provienne de la majorité ou de l’opposition, c’est blanc bonnet, bonnet blanc ! Aucun scrupule, aucun respect de la parole donnée, aucun amour-propre, aucun sens de l’engagement politique et de la redevabilité, aucune moralité, les élections étant considérées par certains comme l’occasion ou jamais de se faire un peu d’argent.  De nombreux partis politiques, surtout certains soi-disant « grands partis »  ont eu recours à ces pratiques immorales et condamnables pour combler leur retard dans la sélection de candidats, de suppléants et dans la constitution des dossiers
Odon Charles Tshibola devant le bureau de la CENI
de Dimbelenge
.D’autres candidats, de surcroît têtes de liste dans certaines circonscriptions, n’ont pas hésité à détourner les fonds que le parti leur avait transférés depuis Kinshasa pour le payement de la caution de dépôt de candidatures à la banque, renonçant ainsi à être candidats pour pouvoir empocher 600 dollars ou 1200 dollars !  Dans leur renoncement, ces candidats sans foi ni loi, ont entraîné l' élimination  d’autres candidats inscrits sur leur liste.  A cet égard, nous avons constaté  que ces comportements répréhensibles ne sont pas l’apanage des hommes uniquement, même des femmes se sont livrées à de telles pratiques.  Ce n’est pas tout, de l’argent envoyé à des cadres influents de certains partis politiques pour payer la caution, a été utilisé à leur propre profit ou à d’autres fins
Ce qui était  également choquant, c’est de voir certains candidats qui ne sont pourtant pas démunis , attendre que leur parti politique fasse absolument tout pour eux : payer la moindre photocopie, le moindre document ou le moindre déplacement.
Voilà, ce que la cupidité d’un individu peut faire comme dégâts
Autre déboire : un avocat, pourtant censé ne pas ignorer la loi, qui se porte candidat dans deux partis politiques différents, au même moment, dans la même circonscription.  Dans un parti, il est candidat, dans l’autre, il est suppléant. Comment est- ce possible ?  Il a tout simplement trompé le second parti qui était en manque de suppléant pour monnayer sa candidature et avoir un peu d’argent.  En agissant ainsi, tout homme de loi qu’il est, il met en difficulté les deux partis politiques car lorsque la Commission Électorale Indépendante (CENI), allait se rendre compte du subterfuge lors du toilettage des dossiers, elle allait annuler les listes des deux partis. Voilà, ce que la cupidité d’un individu peut faire comme dégâts.
Pour rappel, une circonscription pour les élections provinciales peut contenir un ou plusieurs sièges (de 1 à 7, voire même 8 sièges); chaque candidat doit avoir deux  suppléants ; une liste revient à $540.  
Une anecdote étonnante 
Et que dire de l’état des routes pour accéder aux circonscriptions électorales sur toute l’étendue de la République.  Par exemple pour atteindre la circonscription de Dimbelenge, dans la province du Kasaï  Central, depuis Kananga, le chef lieu de cette province, il faut faire 123km sur une route en très mauvais état.  Comme il n’y a pas de transport public, il est préférable sur ce genre de routes de prendre la moto pendant 3 à 4 heures; comme vous pouvez l’imaginer, c’est très épuisant.   La jeep, c’est dangereux et le prix est exorbitant, hors de la portée de la plupart des gens. 
Pour conclure, je voudrais  vous raconter une anecdote assez intéressante: un cadre d’un parti politique, pourtant bien nanti de la majorité, s’est retrouvé, aussi étrange que cela puisse paraitre, dans l’impossibilité de se rendre à Dimbelenge vu l’état déplorable de la route et le manque de moyens financiers.  Il a demandé secours à un cadre d’un parti de l’opposition qui se rendait à Dimbelenge, pour faire parvenir à bon port les dossiers de ses candidats.  Ce dernier, en bon samaritain, a accepté.  Le parti de l’opposition dont il s’agit, n’est autre que mon parti politique, la Ligue des démocrates congolais (LIDEC).  Ce fut la croix et la bannière pour notre Secrétaire Général d’atteindre sa circonscription de Dimbelenge sur une moto roulant sur une route chaotique.  Panne, crevaison, marche à pied forcée etc., et pour finir, le chauffeur et lui ont dû dormir, au bord de la route, à la belle étoile.  Autre décors : cette fois dans la province de Bandundu entre Kinshasa et Kikwit, le Président Interfédéral de notre parti pour cette province, a failli perdre la vie lorsque sa jeep a fait plusieurs tonneaux sur la nationale 1. Voilà les divers désagréments et les dangers que de nombreux candidats ont connus lors des dépôts des candidatures pour les élections provinciales.

La RD Congo, n’est pas à sa première organisation d’élections.  Je crois donc, qu’il est plus que temps pour les autorités compétentes d’avoir le souci d’améliorer la situation et les conditions pour que les candidats puissent se rendre en toute sécurité dans leurs circonscriptions respectives pour le dépôt de leurs candidatures.
Quant aux partis politiques, il est également plus que temps de s’organiser, de concert avec les gouvernants  et la société civile, pour établir et mettre en œuvre des mécanismes efficaces en vue de promouvoir l’éducation civique et politique de nos populations.

2 commentaires:

  1. Angèle Makombo, Leader de La Ligue des Démocrates Congolais (LIDEC)14 juin 2015 à 14:27

    Le processus des dépôts des candidatures pour les élections provinciales en RDC prévues en octobre prochain, a effectivement révélé une absence choquante d’éthique, de moralité et de maturité politiques dans notre pays. Qu’il est encore long le chemin à parcourir pour y instaurer une véritable démocratie !

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  2. J'attendais cet article avec impatience, et il ne m'a pas déçu

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