samedi 13 août 2016

VISAS SCHENGEN : LA CROIX et LA BANNIÈRE !

Maison Schengen Kinshasa
Avec la période des vacances, les Congolais qui peuvent se le permettre, envisagent souvent de voyager en Europe, seuls ou accompagnés de leur conjoint(e) et des enfants. D’autres – vacances ou pas – veulent s’y rendre pour participer à une conférence, un séminaire, une formation, ou autre évènement. 
Mais avant toute chose, il faut décrocher le fameux visa Schengen, véritable sésame pour accéder à  l’un des 26 pays de l’espace  Schengen. A ce propos, il n’est pas rare de voir une famille congolaise, soit invoquer les ancêtres, soit entrer en prière ou carrément entamer un jeûne de plusieurs jours, ou faire les trois à la fois pour obtenir un visa Schengen ! Mais en vain. Contre toute attente, le verdict  tombe : visa refusé ! Motif avoué ou inavoué : le demandeur représente un «risque migratoire élevé ». En dépit du fait que vous ayez un emploi rémunéré, que vous possédiez des biens en RDC, que vous ayez souvent voyagé à l’étranger et êtes chaque fois retourné au pays. La Maison Schengen*, puisque c’est d’elle dont il s’agit, dit « NON » et ne veut plus rien entendre.

Un visa Schengen demeure un véritable parcours du combattant


Que de drames ! Que de rêves, projets, retrouvailles familiales brisés ! Si à la 
Un visa Schengen accordé sur un passeport
suite de nombreuses plaintes, les ambassades européennes ont  un peu amélioré l’accueil réservé aux demandeurs de visas en RDC, il reste encore beaucoup à faire car l’obtention d’un visa Schengen demeure un véritable parcours du combattant. En effet, une fois le dossier constitué de multiples documents exigés (copie d’anciens visas, attestation d’emploi, relevés bancaires, assurance médicale, preuves de points d’attache en RDC, moyens de subsistance à l’étranger, logement  etc), on le dépose, et vient ensuite la longue angoisse liée à l’attente de la réponse. Cette attente est comparable à l’attente des résultats à un concours d’entrée dans une grande école ou une grande université.
Et que dire des frais engagés pour la préparation du dossier et ceux pour l’examen du dossier par l’agent consulaire, qui sont non remboursables en cas de refus de visa !
Je comprends que des informations et des documents spécifiques soient exigés des demandeurs de visa, surtout en cette période où les risques terroristes se multiplient. Mais pourquoi pousser la discrimination
 *  « La Maison Schengen à Kinshasa est un centre commun de réception des demandes de visas …Cette coopération entre plusieurs États Schengen a été créée comme initiative belgo-portugaise, cofinancée par le Fonds pour les frontières extérieures de l’Union européenne. Elle est dirigée par la Belgique et opérationnelle depuis le 5 avril 2010 »
jusqu’au point de refuser un visa à une personne qui remplit toutes les conditions, qui voyage souvent à l’étranger, notamment  en Amérique du nord, et qui retourne chaque fois  au pays? Pourquoi pousser la mesquinerie jusqu’à octroyer un visa de 10 jours seulement à une personne qui a demandé 16 jours. Il se trouve que cette personne a vécu plus de 15 ans aux Etats-Unis où elle avait un emploi bien rémunéré, avait mis fin à son contrat de travail de son propre chef pour retourner dans son pays la RD Congo.   
Et que dire aussi du cas de ce jeune entrepreneur congolais qui s’est vu attribuer « le Prix International Star Award for Quality » ? Il s’est vu refuser le visa pour se rendre dans l’espace Schengen pour la remise du Trophée. Et cela, malgré tous les documents requis et la preuve du but de son voyage, et le fait qu’il soit un fréquent voyageur. C’est absurde !
D’autres évènements heureux comme un mariage ou une naissance, moments d’amour, d’union et de communion par excellence pour une famille sont ruinés car certains membres de famille n’ont pas pu voyager par manque de visa, même ceux qui voyagent souvent. Les mesquineries dont font preuve les administrations européennes envers les Congolais que nous sommes et qui  sont relayées par la Maison Schengen, dénotent un certain mépris à notre égard. 
Des histoires de ce genre, aussi invraisemblables les unes que les autres, il y en a des centaines…

Un manque de considération notoire envers les Congolais de la part de la Maison Schengen ?

Un vol Kinshasa-Bruxelles de SN Brussels
Photos radiookapi net
Il arrive aussi que la Maison Schengen prenne plusieurs jours, voire même deux semaines pour vous annoncer que votre demande a été rejetée. Elle vous fait croire que le dossier est encore à l’étude, son site internet vous indique la même chose et votre passeport ne vous est pas restitué à ce moment là. Or par une indiscrétion, le demandeur apprend que sa demande de visa a été refusée depuis belle lurette.  Si ce dernier avait été notifié officiellement dès la décision de refus, et son passeport lui avait été restitué plus tôt, il aurait pu prendre des dispositions pour voyager vers un autre pays, en Asie, Amérique du nord par exemple. Comment qualifier ce genre d’agissement sinon d’un manque de considération notoire envers les Congolais de la part de la Maison Schengen ?
Les Etats européens devraient éviter de faire de l’amalgame : malgré les vicissitudes de la vie dans notre pays, beaucoup d’entre nous, surtout ceux qui comme moi, ont longtemps vécu en Europe, n’ont aucune envie, aucun intérêt  d’y retourner pour y vivre et aller grossir les rangs des chômeurs européens. Lorsque nous demandons un visa Schengen, c’est soit pour des raisons professionnelles, soit pour des conférences, des formations ou le loisir, et ensuite nous retournons chez nous.  C’est aussi le cas de nombreux jeunes congolais que je connais personnellement.
Les Etats européens ont tendance à oublier que les jeunes congolais d’aujourd’hui seront les leaders du Congo de demain. A force de fermer les portes de l’Europe à des jeunes congolais sérieux alors qu’ils veulent simplement s’y rendre pour des raisons professionnelles, d’études, de formation ou de loisir, les Européens les poussent à se tourner vers l’Amérique et l’Asie. Demain, ne vous étonnez pas si ces jeunes devenus des leaders au Congo se détournent de l’Europe, notre partenaire traditionnel.

Il y a des Congolais comme moi, qui ont vécu une dizaine d’années en France et ont eu des enfants sur le sol français, mais ont tenu à revenir en RDC.  De façon délibérée, je n’ai pas demandé la nationalité française, contrairement à de nombreux compatriotes qui ont fait ce choix et obtenu la nationalité d’un pays européen ou d’un autre pays étranger pour des raisons de convenance personnelle, notamment pour sécuriser un emploi et/ou éviter les difficultés répétées de demande de visas. J’aurais aussi pu faire de mes enfants des citoyens français car ils sont nés en France. Et bien, nous avons décidé de rester Congolais. J’en suis fière et mes enfants aussi.  Ils ont fait de bonnes études universitaires, au Congo, occupent des emplois décents, au Congo, voyagent beaucoup à l’étranger car les voyages forment la jeunesse, mais ils reviennent toujours dans leur mère Patrie, la République Démocratique du Congo. Comme quoi, tous les Congolais n’aspirent pas à aller vivre ad vitam aeternam dans un pays de l’espace Schengen !

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