lundi 30 mai 2016

Massacres à Beni en RD Congo


Photos symbole.
Voici, le résumé du rapport du Groupe d’étude sur le Congo, GEC, sur les massacres à Beni, du Rapport d’enquête no1, mars 2016. Je vous  recommande vivement la lecture du rapport dans son entièreté.  Qui sont les tueurs de Beni ? http://congoresearchgroup.org/wp-content/uploads/2016/03/Rapport-Beni-GEC-21-mars.pdf …

«  RÉSUMÉ

Nous avons présenté dans ce rapport une analyse de la violence qui tente de modifier le discours habituel sur cette même violence pour remettre en question l’hypothèse qui attribue toutes les responsabilités aux rebelles ougandais des Allied Democratic Forces (ADF).  Plus que jamais, les ADF représentent aujourd’hui l’arbre qui cache la forêt et derrière lequel d’autres acteurs tentent de
fuir leur responsabilité.
 Depuis octobre 2014, les environs de la ville de Beni dans le nord-est de la République démocratique
Des habitants de Beni après l'attaque du 15 et 16 octobre
2014 (photos Afrikarabia)
du Congo (RD Congo) ont été le terrain de massacres comptant parmi les pires de l’histoire récente du Congo. Plus de cinq cent personnes ont été tuées et des dizaines de milliers ont fui leurs foyers. La mission de l’ONU et le gouvernement congolais ont déclaré publiquement que les massacres sont l’œuvre des rebelles ougandais des Allied Democratic Forces (ADF). Les recherches du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), réalisées à partir d’entretiens avec plus de cent témoins et leaders locaux, indiquent


que la définition des ADF est à revoir. Au lieu d’un groupe islamiste étranger motivé par la vengeance, nos recherches décrivent plutôt un groupe qui, au cours de vingt années d’insurrection autour de Beni, a fini par tisser des liens forts avec les milices et des groupes d’intérêts locaux. Mais notre enquête préliminaire indique que la responsabilité des massacres ne peut pas être attribuée seulement aux ADF. En plus des commandants qui appartiennent strictement aux ADF, certains membres des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), des anciens du Rassemblement congolais pour la démocratie–Kisangani/Mouvement de libération (RDC–K/ML), ainsi que des membres des milices communautaires sont aussi intervenus dans les attaques contre la population civile. Nous ne pouvons 
Protection ou trahison du peuple de Beni?
pas nous prononcer sur les chaînes de commandement ou sur les motivations de ces groupes, mais il est clair que le gouvernement congolais et la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo (MONUSCO) n’ont pas fait les efforts suffisants pour répondre à cette crise et ont mal identifié l’ennemi. Souvent, bien qu’ayant perdu des centaines de soldats dans les opérations contre les ADF qui ont eu lieu avant juillet 2014, les FARDC n’ont pas réagi à temps pour protéger la population pendant et après les événements, un manque d’initiative que l’on reproche aussi à la MONUSCO. Nos chercheurs ont documenté des cas où des officiers des FARDC ont dissuadé leurs unités d’intervenir pendant des massacres et il existe de nombreuses preuves indiquant que des membres des FARDC ont activement participé aux massacres.

 RECOMMANDATIONS :

 • Le gouvernement devrait constituer dans les plus brefs délais une commission d’enquête spéciale dirigée par un procureur militaire haut gradé pour enquêter sur les actes de violence perpétrés autour de Beni depuis octobre 2014. Les résultats de l’enquête devraient être rendus publics; • La MONUSCO devrait mener une enquête en vue d’établir les responsabilités dans les massacres de Beni. Le Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU devrait également évaluer la performance de la mission en relation avec ces massacres; • Le Sénat et l’Assemblée de la RDC nationale devraient constituer une commission d’enquête conjointe chargée de situer les responsabilités politiques, notamment le rôle qu’ont pu jouer les responsables des institutions en charge de la sécurité dans la commission des massacres autour de Beni


NB : Le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) est un projet de recherche indépendant, à but non lucratif, dédié à la compréhension de la violence qui affecte des millions de Congolais. Nous effectuons des recherches rigoureuses sur les différents aspects du conflit en RD Congo. Toutes nos recherches se nourrissent d’une connaissance historique et sociale approfondie du problème en question. Nous sommes basés au Centre de coopération internationale de l’Université de New York (Center on International Cooperation, New York University) et nous travaillons en collaboration avec le Centre d’études politiques de l’Université de Kinshasa. Toutes nos publications, nos blogs et podcasts sont disponibles sur www.congoresearchgroup. org. »

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