Panneau publicitaire |
Quand
je circule dans les rues de Kinshasa, même dans nos provinces, je suis frappée
par les nombreux panneaux publicitaires dont les thèmes rappellent aux citoyens
de mon pays, un de leurs devoirs civiques, celui de payer les impôts. A chaque
fois mon premier réflexe est de me poser la question sur la destination de cet argent.
En effet, on ne perçoit quasiment pas l’impact de cette masse d’argent,
récoltée tous les mois, voire tous les jours, dans notre environnement.
Une opacité ahurissante
Panneau publicitaire pour rappeler aux citoyens leur devoir civique |
Cette
opacité légendaire associée au manque d’impacts visibles sur le terrain ont
pour conséquence la démotivation de la population à s’acquitter de ce devoir
civique pourtant indispensable au développement du pays.
Une grande masse d’argent dont devrait bénéficier le pays.
Un bureau du Direction Générale des Recettes de Kinshasa: sur le mur de la clôture, le rappel au devoir civique |
Je
vais illustrer mes propos par deux exemples, celui de la bière pour continuer sur
ma lancée et celui du marché central de Kinshasa.
Selon
des données statistiques du FMI[1] la
production de boisson en République Démocratique du Congo s’élevait en 2007 à
295.000.000 litres pour la bière et à 130.000.000 litres pour les boissons
gazeuses. Si, à ces quantités, l’on applique des taux de prélèvement semblables
à ceux appliqués au Cameroun, l’on se rend compte que les sommes sont
colossales et représentent une grande masse d’argent dont devrait bénéficier le
pays.
Le
cas de la gestion des taxes du Marché Central de Kinshasa est encore plus
spectaculaire. Principal centre d’approvisionnement pour la population de
Kinshasa, ce marché possède environ 15.000 vendeurs. Pour la bonne marche des
affaires du Marché Central de Kinshasa, l’autorité urbaine a fixé les taxes
suivantes pour la réglementation des vendeurs : taxe sur la location de table, taxe
d’expertise sur l’abatage de petit bétail, taxes sur les latrines publiques,
sur le revenu locatif des immeubles appartenant à la ville/Marché de Kinshasa, location
dépôt, taxe sur restaurant, participation sur l’assainissement du Marché, taxe
sur parking et fiche d’occupation annuelle et participation au payement de la
facture consommation eau et électricité. Les prix varient selon les différentes
catégories des taxes.
Mais en dehors de ces taxes, il y a
aussi d’autres taxes parallèles, payées de façon journalière : patente,
taxe d’hygiène, taxe de finance, de l’économie, d’entreposage, de la police,
d’étalage. Ces taxes varient de 100 à 500 FC et sont payées par les vendeurs chaque
jour. Il suffit de multiplier ces montants par le nombre de vendeurs (environ
15.000), puis par multiplie par le nombre de jours 365 pour se rendre compte de
la masse d’argent qui une fois de plus prend une direction qui n’a rien à voir
avec le Trésor public. Résultat, l’insalubrité persistante dans laquelle se
trouve l’environnement du marché central de Kinshasa et les mauvaises
conditions de vente sur ce grand marché de Kinshasa.
Comment
voulez-vous que la population congolaise soit encouragée à payer ces taxes.
Marché central de Kinshasa (photo : Radio Okapi) |
Dans un tel contexte, comment voulez-vous que
la population congolaise soit encouragée à payer ces taxes. Lesquelles
n’impacte nullement sur leur quotidien mais servent plutôt à engraisser une certaine
catégorie de Congolais.
A
ces deux cas, nous pouvons ajouter la taxe spéciale sur la circulation routière
ainsi que les tracasseries sur toutes nos voies d’évacuation des produits
agricoles. Dont nous avons parlé précédemment. Si au moins ces taxes (dont
certaines ne disent pas leur nom) engendraient une réhabilitation et surtout un
entretien permanent de nos pistes de desserte agricole, nous pourrions TOUS
être encouragés à les payer.
Mais
hélas, la RD Congo ressemble à un tuyau d’arrosoir qui a
beaucoup de fuites, ainsi la quantité d’eau qui arrive à destination (bout du
tuyau) est de très loin inférieure à la quantité initialement entrée dans le
même tuyau. Un tel état des choses, ne contribuera jamais au développement de
notre pays car en plus, la faible quantité d’eau qui arrive au bout est l’objet
d’une mauvaise gouvernance.
Une
fois de plus, nous terminons notre message par un appel à nos gouvernants. Ils
doivent bien comprendre qu’un bon dirigeant est celui qui ne gère pas le Trésor
Public comme sa poche. Un bon dirigeant est transparent et rempli son devoir de
redevabilité car gouverner c’est aussi rendre compte. Au peuple Congolais, nous
disons qu’un bon citoyen paye l’impôt tout en exigeant régulièrement des
comptes à ses élus quant à l’évolution exact de l’assiette fiscale de l’Etat et
de la manière dont sont effectuées les dépenses de l’Etat.
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