Bâtiment administratif de UNIKIN. Photo afriqueredaction.com |
L’université de Kinshasa,
UNIKIN, a connu le jeudi 20 juillet 2017 à 18h, des échauffourées entre
étudiants et hommes en uniforme.
Tout est parti de l’attaque
du Grand Marché de Kinshasa par des inconnus, le 14 juillet 2017. L’administrateur
dudit marché, Chantal Mboyo Mombi, est sauvagement assassinée au cours de cette
agression. Suite à cela, le commandant de la police de la ville de Kinshasa, le
Général Sylvano Kasongo Kitenge, ordonne à ses hommes d’arrêter un étudiant
soupçonné d’être impliqué dans ce macabre besogne. C’est ainsi que les
militaires de la garde républicaine font irruption dans le campus universitaire
de Kinshasa pour soustraire l’étudiant concerné, et ce, sans donner aucune
explication à qui que ce soit. Surpris, le jeune homme oppose de la résistance
à son enlèvement. A la vue de cette scène, sans connaître les tenants et les
aboutissants de l’affaire (la raison était encore tenue secrète jusque-là), par
solidarité, quatre camarades viennent lui porter secours. Pour couper court à
cette altercation avec les étudiants, les militaires embarquent tout le monde
et les mettent tous sous les verrous. Dès que la nouvelle
UNIKIN Photo afriqueredaction.com |
se propage auprès des
étudiants, c’est le début, dans tout le campus, d’une soirée tumultueuse caractérisée
par une escalade de violences. L’affrontement oppose les étudiants d’une part, et
les militaires et les policiers d’autre part. Aux jets de pierres comme armes de
la part des étudiants, les policiers et militaires répondent par des tirs de
gaz lacrymogènes et coups de feu en l’air à balles réelles. Bilan de ce chaos,
quelques étudiants blessés et d’autres enlevés
La situation sur le campus se détériore et c’est « l’intifada »
Vendredi 21 juillet 2017. Le calme semble revenu
en début de matinée. Cependant, suite au refus des autorités de libérer les étudiants
enlevés la veille par les hommes en uniforme, la situation sur le campus se détériore
rapidement. Les étudiants se soulèvent et c’est « l’intifada » qui
s’installe à nouveau dans la zone universitaire, rendant la vie sur le campus
infernal. Une fois de plus, le scénario de la veille se répète, mais à plus
grande échelle. Des jets de pierres, toujours des tirs de gaz lacrymogènes et
des coups de feu à balles réelles. Sauf que cette fois ci, le bâtiment
administratif de l’université est lapidé et les vitres cassées. Une cérémonie
de soutenance de thèse de doctorat qui a le malheur de se dérouler en ce moment-là,
a du mal à suivre son développement dans la salle de promotion. Les amis venus
assister à la soutenance de thèse observent impuissants, leurs véhicules
incendiés par les étudiants. Les automobiles passant par-là, elles non
Véhicule de la MONUC incendié par les étudiants lors d'une manifestation à Kinshasa |
plus ne sont pas épargnées. Elles sont soit caillassées, soit incendiées par
les étudiants. A l’annonce de l’incendie de sa jeep, un homme s’effondre,
terrassé par une crise d’hypertension-- soit dit en passant, dans son véhicule,
il y avait son ordinateur qui contenait tout le travail de sa thèse de
doctorat, ainsi que son manuscrit déjà imprimé. Il s’apprêtait à soutenir son
chef d’œuvre dans les jours à venir. Face à l’insécurité grandissante à
l’extérieur, impossible d’évacuer le sinistré pour des soins d’urgence
appropriés vers les cliniques universitaires, pourtant pas très loin dans la
concession du campus. Dehors c’est l’enfer !
Le bilan de la deuxième
journée de violence à l’université de Kinshasa : Heureusement, on n’a pas
déploré de pertes en vies humaines, mais en revanche, on a dénombré plusieurs
blessés et des dégâts matériels considérables.
C’est à la fin de cette
deuxième journée que le Commandant de la ville de Kinshasa, révèle enfin la
raison de
Véhicules incendiés par les étudiants Photo Africapostnews |
l’arrestation de l’étudiant qui est présumé être impliqué dans
l’attaque du Grand Marché qui a coûté la vie à Madame l’Administrateur de ce
Grand Marché.
Au vu de ce qui précède,
connaissant le caractère fougueux et imprévisible des jeunes et leur allergie
face aux hommes en uniforme dans leur espace universitaire qu’ils considèrent
privé, ne fallait-il pas s’y prendre autrement ? Il est de notoriété
publique que dans la majorité des cas, quand des militaires ou des policiers
font irruption sur le campus universitaire, cela se termine souvent mal. Je
pense qu’il est plus que temps que nos autorités pensent à utiliser d’autres
méthodes.
Quant à nos jeunes, visiblement
il y a un manque cruel de formation civique à leur endroit. Leurs
revendications sont souvent justes, mais ils ne visent pas les bonnes cibles
quand ils doivent passer à l’action. C’est ainsi que les résultats attendus
sont souvent mitigés. Mon conseil aux jeunes et particulièrement aux étudiants est le suivant :
« ciblez bien vos objectifs avant d’agir, et vous aurez des résultats
probants. Ne vous prenez pas à des innocents comme c’est souvent et
malheureusement le cas hélas ! »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire