mercredi 2 août 2017

Université de Kinshasa : Intifada ?


 
Bâtiment administratif de UNIKIN.
Photo afriqueredaction.com
L’université de Kinshasa, UNIKIN, a connu le jeudi 20 juillet 2017 à 18h, des échauffourées entre étudiants et hommes en uniforme.

Tout est parti de l’attaque du Grand Marché de Kinshasa par des inconnus, le 14 juillet 2017. L’administrateur dudit marché, Chantal Mboyo Mombi, est sauvagement assassinée au cours de cette agression. Suite à cela, le commandant de la police de la ville de Kinshasa, le Général Sylvano Kasongo Kitenge, ordonne à ses hommes d’arrêter un étudiant soupçonné d’être impliqué dans ce macabre besogne. C’est ainsi que les militaires de la garde républicaine font irruption dans le campus universitaire de Kinshasa pour soustraire l’étudiant concerné, et ce, sans donner aucune explication à qui que ce soit. Surpris, le jeune homme oppose de la résistance à son enlèvement. A la vue de cette scène, sans connaître les tenants et les aboutissants de l’affaire (la raison était encore tenue secrète jusque-là), par solidarité, quatre camarades viennent lui porter secours. Pour couper court à cette altercation avec les étudiants, les militaires embarquent tout le monde et les mettent tous sous les verrous. Dès que la nouvelle 
UNIKIN
Photo afriqueredaction.com
se propage auprès des étudiants, c’est le début, dans tout le campus, d’une soirée tumultueuse caractérisée par une escalade de violences. L’affrontement oppose les étudiants d’une part, et les militaires et les policiers d’autre part. Aux jets de pierres comme armes de la part des étudiants, les policiers et militaires répondent par des tirs de gaz lacrymogènes et coups de feu en l’air à balles réelles. Bilan de ce chaos, quelques étudiants blessés et d’autres enlevés

La situation sur le campus se détériore et c’est «  l’intifada »

Vendredi 21 juillet 2017. Le calme semble revenu en début de matinée. Cependant, suite au refus des autorités de libérer les étudiants enlevés la veille par les hommes en uniforme, la situation sur le campus se détériore rapidement. Les étudiants se soulèvent et c’est «  l’intifada » qui s’installe à nouveau dans la zone universitaire, rendant la vie sur le campus infernal. Une fois de plus, le scénario de la veille se répète, mais à plus grande échelle. Des jets de pierres, toujours des tirs de gaz lacrymogènes et des coups de feu à balles réelles. Sauf que cette fois ci, le bâtiment administratif de l’université est lapidé et les vitres cassées. Une cérémonie de soutenance de thèse de doctorat qui a le malheur de se dérouler en ce moment-là, a du mal à suivre son développement dans la salle de promotion. Les amis venus assister à la soutenance de thèse observent impuissants, leurs véhicules incendiés par les étudiants.  Les automobiles passant par-là, elles non 
Véhicule de la MONUC incendié par les étudiants lors d'une
manifestation à Kinshasa
plus ne sont pas épargnées. Elles sont soit caillassées, soit incendiées par les étudiants.  A l’annonce de l’incendie de sa jeep, un homme s’effondre, terrassé par une crise d’hypertension-- soit dit en passant, dans son véhicule, il y avait son ordinateur qui contenait tout le travail de sa thèse de doctorat, ainsi que son manuscrit déjà imprimé. Il s’apprêtait à soutenir son chef d’œuvre dans les jours à venir. Face à l’insécurité grandissante à l’extérieur, impossible d’évacuer le sinistré pour des soins d’urgence appropriés vers les cliniques universitaires, pourtant pas très loin dans la concession du campus. Dehors c’est l’enfer !

Le bilan de la deuxième journée de violence à l’université de Kinshasa : Heureusement, on n’a pas déploré de pertes en vies humaines, mais en revanche, on a dénombré plusieurs blessés et des dégâts matériels considérables.
C’est à la fin de cette deuxième journée que le Commandant de la ville de Kinshasa, révèle enfin la raison de 
Véhicules incendiés par les étudiants
Photo Africapostnews
l’arrestation de l’étudiant qui est présumé être impliqué dans l’attaque du Grand Marché qui a coûté la vie à Madame l’Administrateur de ce Grand Marché. 

Au vu de ce qui précède, connaissant le caractère fougueux et imprévisible des jeunes et leur allergie face aux hommes en uniforme dans leur espace universitaire qu’ils considèrent privé, ne fallait-il pas s’y prendre autrement ? Il est de notoriété publique que dans la majorité des cas, quand des militaires ou des policiers font irruption sur le campus universitaire, cela se termine souvent mal. Je pense qu’il est plus que temps que nos autorités pensent à utiliser d’autres méthodes.
Quant à nos jeunes, visiblement il y a un manque cruel de formation civique à leur endroit. Leurs revendications sont souvent justes, mais ils ne visent pas les bonnes cibles quand ils doivent passer à l’action. C’est ainsi que les résultats attendus sont souvent mitigés. Mon conseil aux jeunes et  particulièrement aux étudiants est le suivant : « ciblez bien vos objectifs avant d’agir, et vous aurez des résultats probants. Ne vous prenez pas à des innocents comme c’est souvent et malheureusement le cas hélas ! » 


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