Table ronde du 30 décembre 2016 pour finaliser les derniers points de l'accord |
Déjà 55 jours et l’accord du 31 décembre n’est toujours pas
effectif. Les modalités de mise en application de l’accord sont toujours en
discussion entre les différents partis qui ont pris part au dialogue.
Force est de constater que la méthode appliquée pour obtenir cet
accord a été erronée. On a mis la charrue avant les bœufs. A l’instar de « l’Accord
Global et Inclusif signé à Pretoria en Afrique du Sud le 17 décembre 2002, pour
mettre en place un nouvel ordre politique » les parties prenantes
au
dialogue auraient dû, dégager d’abord un consensus sur le partage des responsabilités,
avant de signer ledit accord de la St Sylvestre. En effet, d’aucuns se
rappelleront qu’il ne fut pas aisé de faire entendre raison aux uns et aux
autres à cette époque là. Les délégués avaient été retenus dans une réunion
non-stop à Pretoria, tant que la solution de partage des postes de
responsabilités n’avait pas été résolue. Lorsque l’épineux problème avait enfin
été réglé, la cérémonie de la signature n’était plus que simple formalité.
Ensuite, l’application de l’accord s’est fait sans difficulté. En jetant un
regard rétrospectif dans l’histoire de notre pays, je me rends compte, qu’en
période de crise politique, cela s’est souvent passé ainsi en RD Congo.
Mais seulement voilà, cette fois-ci, les leaders politiques ont
voulu que les choses se passent différemment. Ont-ils eu peur que la population
ne les accuse de n’avoir comme souci que le partage du pouvoir par la mise en
place d’un gouvernement d’union national ?
Ils se servent du peuple pour maquiller leurs ambitions.
Mon point de vue sur cette question est sans équivoque. Qu’ils
appartiennent à la majorité
La majorité présidentielle |
présidentielle ou à l’opposition politique, la
majorité des leaders politiques dans notre pays sont obnubilés par le pouvoir.
Ceux qui sont dedans veulent garder le pouvoir sans partage, ceux qui sont
dehors veulent rentrer dans la danse pour partager le pouvoir. Ils se
servent du peuple pour maquiller leurs ambitions. Voilà pourquoi, ayant
réussi à garder son pouvoir après la date fatidique du 20 décembre 2016, date
de la fin de son deuxième et dernier mandat, le Président Kabila n’est pas
pressé de faire appliquer l’accord de la St Sylvestre.
Nul n’est besoin d’avoir un doctorat en sciences politiques pour
comprendre que la majorité présidentielle « tripatouille » les termes
des textes dans le seul et unique but de faire durer au maximum la période de
transition. Ainsi, il lui sera ensuite aisé de déclarer encore une fois, être
dans l’impossibilité d’organiser les élections prévues pour cette année 2017
comme cela est prévu dans l’accord de la St Sylvestre.
Résultat des courses, l’accord n’est plus suivi à la lettre et son
esprit est occulté. Et pourtant, cet accord était censé sortir notre pays de la
crise générée du fait d’une part, du maintien au pouvoir du Président Kabila, dont
le mandat a pris fin depuis le 20 décembre à minuit, et d’autre part, de la
mise en place d’une transition politique jusqu'à la tenue de la présidentielle
en fin 2017.
Le spectacle est vraiment désolant.
Le Président Etienne Tshisekedi (Photo Mondoblog) |
A cela s’ajoute le décès de l’opposant historique, Etienne
Tshisekedi, qui complique la donne. Avec une opposition qui se caractérise par
son éclatement et ses divisions, je crains qu’elle ne puisse rester aussi inflexible
et déterminée que son leader face aux multiples tentations que le camp adverse
va lui soumettre. Plusieurs dirigeants de l’opposition-Rassemblement briguent déjà
ouvertement la présidence du Conseil National de suivi de l’accord. Le
spectacle est vraiment désolant. S’il veut continuer à exister, le
Rassemblement (plate-forme politique créée autour d’E. Tshisekedi, grâce à sa
stature d’opposant historique à Genval) doit cesser de faire la « politique
du ventre ».
Comme si cela ne suffisait pas, la majorité présidentielle exige
d’être consultée de manière consensuelle pour la désignation du Président du
conseil des sages qui doit provenir de l’opposition-Rassemblement. Il est à noter qu’une fois
désigné, le Président du conseil des sages sera d’office, le Président du
Conseil National de suivi de l’accord. A ce titre, après consultation de sa
famille politique, il devrait donner la liste de trois candidats du
Rassemblement pressentis pour le poste de premier ministre, condition exigée
encore une fois, par le camp de la majorité présidentielle. Pourtant, voici la
disposition de l’accord sur ce point : « La présentation du
candidat premier ministre par l’opposition non signataire de l’Accord du 18
octobre (Rassemblement) pour nomination par le Chef de l’Etat ». Il est
dit nulle part dans les textes juridiques, pas même dans l’article 78 de la
Constitution, que l’on doit obligatoirement proposer trois noms au Président de
la République pour qu’il fasse son choix.
Avec une opposition qui ne sait pas anticiper, qui n’est pas
stratège et dont l’unité est fragile, factice, qu’attendre pour la suite ?
Devant cet imbroglio, Edem Kodjo tant vilipendé par l’opposition politique
congolaise, doit bien ricaner.
Pour couronner le tout, « dans le Kasaï, des
affrontements meurtriers opposent les forces de sécurité à des miliciens
mystiques. Dans le Tanganyika, un violent conflit ethnique est en cours. Au
Kivu, des massacres se poursuivent et des groupes armés étrangers sont toujours
présents. » [i]
A Kinshasa, le calme est très précaire, prêt à exploser.
Président Kabila devrait jouer le sapeur-pompier
Au vu de cette situation, le Président Kabila devrait jouer le
sapeur-pompier au lieu de créer une
L'opposition politique: Rassemblement: de gauche à droite Olenga koyi, Lutundula, Fayulu (Photo Afrikarabia) |
crise dans une crise déjà existante. Kabila
ne doit pas oublier que la classe politique lui a fait une grande concession en
le laissant continuer son mandat après le 20 décembre 2016. A lui maintenant
d’accepter des compromis en retirant ses exigences pour que les choses avancent.
Quant à l’opposition politique, par le comité de Conseil des sages
interposé, elle doit nous montrer sa sagesse en désignant au plus vite la
personne qui doit remplacer notre regretté leader, le Président Etienne
Tshisekedi, au poste de Président du Conseil des sages.
Trop d’égoïsme, trop d’ambition personnelle, sans tenir compte de
l’intérêt du peuple, sont en train de tuer à petit feu notre pays la RD Congo.
L’irresponsabilité et l’opportunisme sont généralisés, auprès de nos leaders.
Tant qu’un sursaut national ne sera pas au rendez-vous, nous ne pourrons pas
espérer grand-chose pour notre pays. « Misérables
politiciens ! »
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